Sous la coque du navire, deux sondes balayent le fond de l’océan. La première décrit le relief marin avec une grande précision. La seconde étudie les différentes couches de sédiment qui le compose, leur structure et leur composition.
Arrivé un peu en avance hier soir sur notre point S6 nous effectuons cette indispensable reconnaissance avant de lancer les opérations de prélèvement. L’idée est de déterminer l’endroit le plus stratégique, celui ou les tubes vont pénétrer le mieux et le plus loin dans le sol.
“On voit même les bancs de poissons“ nous montre Laurence, informaticienne qui recueille ces données. Encore faut-il savoir décrypter ces cartes, schémas et codes-barres qui défilent sur les écrans.
Trois types de prélèvements – carottages – vont maintenant pouvoir être effectués. Vers 11h du soir nous commençons avec le carottier “multitubes” qui nous permet de récupérer les toutes premières couches du fond marin. Il faut une bonne quarantaine de minutes pour atteindre le fond à 2400 mètres… et autant pour remonter à la surface. Le deuxième essai est le bon, le dispositif muni de plusieurs tubes de 55 cm de long arrive sur le pont.
En plein milieu de la nuit le carottier “CASQ”, autre type de prélèvement, est mis à l’eau. Cette fois il s’agit de ramener une plus grande longueur de sédiment et en plus grande quantité. Au lever du soleil, le Casq de 11 mètres de long est à son tour embarqué.
L’équipe du quart 8-12h prend alors le relais. Tout le monde est en tenue réglementaire, chaussures de sécurité, casque et vêtement de travail. Bleu, rouge, orange, peu importe : De toute façon ils seront vite boueux.
La récupération du sédiment fait l’objet d’un protocole pointilleux et l’équipe se lance dans toute une série d’opérations qui doivent être réalisées très minutieusement. Il faut déjà couper des sections et les enfermer dans des boites d’1,5 mètres de long. Puis les répertorier et inscrire les références de ces échantillons avec des codes très précis. Enfin les emballer avec du film plastique, refermer la boîte, mettre des bouchons aux extrémités, inscrire à nouveau les références. Nous sommes effectivement couverts de boue, assez rapidement.
“Oui c’est de la manutention pure et simple“ m’annonce une chercheuse chevronnée, “mais c’est aussi la base de la science et c’est pour cela que ça me plait : Si les carottes sont correctement réalisées et répertoriées, des chercheurs vont pour voir travailler dessus pendant des années”.
Enfin, le carottier calypso, qui permet de faire des prélèvements plus profonds et donc plus long – une spécialité du Marion Dufresne – est mis à l’eau. Cristiano Chiessi le chef de mission brésilien a le sourire : une carotte de plus de 40 mètres est arrivée à son tour sur le pont.
5h de navigation nous attendent maintenant pour rejoindre le prochain point, toujours en face de la Guyane.
Un jour, un mot
« Le carottage marin consiste à prélever des échantillons du sous-sol marin à l’aide d’un carottier, afin d’obtenir un cylindre de sédiments, nommé carotte. »
Pour en savoir plus : https://www.flotteoceanographique.fr/Nous-connaitre/Decouvrir/Comprendre/Le-carottage