Jour 5: Un laboratoire flottant

Temps couvert, eau plutôt sombre : Nous nous sommes rapprochés de l’embouchure du fleuve Amazone. L’Amazone c’est le débit d’eau le plus élevé au monde et aussi celui qui charrie le plus de sédiments et de particules de toutes sortes. À son embouchure se forme un gros cône d’accumulation des matériaux qui peut mesurer jusqu’à 10 km de haut. “cette station 7” s’enthousiasme Cristiano Chiessi, “c’est l’occasion de reconstruire l’histoire du climat dans cette région, à partir de ce chaos de particules. C’est comme-ci nous avions un appareil photo : dans les endroits précédents nous prenions une photo du passé tous les ans, ici nous en prenons une tous les jours !”

La journée est consacrée à mettre à l’eau successivement les carottiers Multitubes, Casq, Calypso et la “CTD Rosette”, un dispositif portant des bouteilles de huit litres dont on peut déclencher l’ouverture à la profondeur d’eau souhaitée depuis le navire. Il permet d’enregistrer la conductivité de l’eau, sa température et sa profondeur, des informations utiles pour calculer la salinité ou encore la vitesse du son dans l’eau.

Nous avons été initiés hier au protocole de traitement des carottes arrivées sur le pont. Mais le voyage de ces carottes est loin d’être terminé. Une fois répertoriées et soigneusement rangées, elles passent par différentes étapes dans les laboratoires (650 m2) qui équipent le Marion Dufresne.

Première étape, les photos, section par section, en prenant bien soin qu’elles soient soumises à la même luminosité. Ensuite une équipe spécialisée en caractérisation des sédiments en fait la description à l’œil nu : Taille des grains, argile, sable, présence de micro-organismes comme les foraminifères.

Deuxième étape, le sédiment est flashé centimètre par centimètre avec deux outils non invasifs : Le premier donne une première idée de sa composition chimique (des analyses plus poussées seront effectuées ensuite à terre), le deuxième sa couleur, une information complémentaire de la photographie.

Toutes ces étapes sont menées 24h sur 24, par les équipes des différents quarts. Il est donc important que tout le monde utilise les mêmes symboles et le même type d’annotation.

Prochaine étape, la datation par “thermoluminescence“ puis le passage par un banc de mesures appelé “MSCL“, dont nous reparlerons plus tard pour ne pas déclencher un mal de mer inopiné.

À ce sujet, retrouvez très ici l’interview de notre médecin de bord, Mélanie Sustersi.

Retour en haut