C’est un labyrinthe de couloirs et de locaux pleins de machines diverses et parcourus par de larges tuyaux, canalisations, dérivations transportant les fluides nécessaires à la marche du bateau. On marche tête baissée le plus souvent, un casque anti-bruit vissé sur les oreilles. Bienvenue dans les salles des machines qui occupent sur deux ponts situés sous le niveau de la mer toute la moitié arrière du bateau.
Nous sommes un petit groupe auquel Alexandre, le second mécanicien tente d’expliquer le fonctionnement du Marion Dufresne. La propulsion tout d’abord, avec de l’électricité produite à partir de diesel maritime. Les groupes électrogènes redistribuent l’énergie vers deux gros moteurs, eux même chacun reliés à une “ligne d’arbres“ et à une hélice. Le groupe alimente aussi le propulseur d’étrave, qui maintient le bateau dans la position souhaitée lors des opérations de prélèvements. Alexandre essaie même de nous donner des explications au milieu des moteurs et du vacarme ambiant. Contre toute attente, sa voix parvient tout de même à nos oreilles malgré le casque-antibruit.
La visite se poursuit avec le système de climatisation : Deux gros compresseurs qui envoient de l’air frais à travers différents circuits vers les aménagements, le PC scientifique, les laboratoires. Enfin l’important dispositif de production d’eau douce (2 systèmes plus les réserves) et de traitement des eaux usés. Alexandre nous en parle plus en détail dans son interview à retrouver ici.
Nous sommes parvenus ce matin à la station 14. Toute la nuit les écrans d’acquisition du PC scientifique ont montré un relief marin accidenté avec des canyons, failles et accidents de terrains alors que la profondeur augmentait jusqu’à 1400 mètres. Une fois arrivés, les différents outils de prélèvements sont mis à l’eau successivement en commençant par la CTD palanquée (voir jour 8), le carottier multitube équipé à nouveau d’une caméra, le Casq et la Calypso. Lors de leurs plongées, ces carottiers embarquent avec eux des gobelets en polystyrène destinés à mettre en évidence l’impact de la pression hydrostatique. Les enfants de deux écoles qui suivent notre campagne ont préalablement décoré ces gobelets. Partis au fond de l’océan Ils reviennent compressés et comme “miniaturisés” tout en conservant à l’échelle leurs dessins et signatures. Retrouvez ici les échanges avec les enfants des écoles.
Pendant que les moteurs tournent, que chacun est à son poste et que les équipes de quarts s’occupent du traitement des carottes, ceux qui sont de repos se retrouvent régulièrement au forum. C’est l’endroit où l’on peut se détendre, échanger sur des sujets scientifiques ou pas, faire une partie de fléchettes, de baby-foot ou de Cluedo. Le soir le forum se transforme en bar.
L’occasion aussi de recueillir les impressions d’étudiants et d’étudiantes sur la campagne :
- “Pour me changer de l’écriture de ma thèse, rien de mieux que la vie en quarts. Et puis jouer au basket avec des chercheurs chevronnés, je ne le fais pas tous les jours ! J’aime bien le fait qu’ici les hiérarchies ont tendance à s’effacer“.
- “J’avais déjà vu des échantillons en laboratoire, mais je n’imaginais pas que la collecte de carottes représentait autant de travail, de minutie, et de moyens“.
- “cette campagne, c’est beaucoup mieux qu’un congrès pour rencontrer les chercheurs et notamment ceux qui seront peut-être mes futurs collègues”.
- “Je n’avais pas d’attente et j’avais même un peu peur, notamment du mal de mer. Finalement, pas de problème de ce côté-là. Ce que j’apprécie surtout c’est le fait de rencontrer des personnes d’autres milieux, techniciens, ingénieurs, équipage“.
- “J’aimerai pouvoir offrir une heure de cette vie sur le bateau à mes proches, car il est difficile d’expliquer ce qu’est cette aventure à la fois humaine et professionnelle“.
Vers 17H30, des habitués que ne sont pas en quart se retrouvent autour du sport. D’autres vont sur les ponts pour profiter de l’océan, de la lumière et capter les derniers rayons du soleil.