Jean-Nonat est bosco (Maître d’œuvres), sur le Marion Dufresne depuis 2008. Il est originaire de Tamatave, ville portuaire à l’est de Madagascar.
Comment es-tu arrivé sur le Marion Dufresne ?
J’ai été footballeur, guide touristique, puis matelot sur des bateaux de pêche et des paquebots de croisière. Un jour, j’ai trouvé l’adresse de l’armateur du Marion Dufresne à Marseille et j’ai écrit une lettre de candidature. Cinq années après (!) des personnes sont venues me chercher à Tamatave. J’avais perdu mon téléphone, elles ne pouvaient pas me contacter. Elles ont insisté et ont fini par trouver mes parents à la maison. Mon père se demandait ce qu’elles me voulaient. Bref, j’ai été convoqué à Marseille, on m’a posé plein de questions et deux jours après j’étais embauché. J’avais beaucoup prié avant. Là nous avons fait la fête et dansé avec mes parents ! Deux mois après j’embarquais pour Mayotte.
C’est comment la vie à bord ?
On est tous malgaches, il y a ceux qui viennent du nord, d’autres du centre et ceux comme moi originaires de Tamatave. On se connaît très bien évidemment et on s’entend bien. Sur le pont j’ai quatre matelots avec moi. C’est un travail physique et sur une opération comme celle-ci avec du carottage, il faut être calme et très concentré.
Après le soir, on peut se détendre, regarder des films, écouter ou faire de la musique, jouer aux jeux vidéo… on a besoin de déstresser !
Comment vous communiquez avec vos proches, vos familles ?
Ça a beaucoup évolué. Les plus anciens racontent qu’ils écrivaient une lettre à leurs proches et elle arrivait trois mois après ! Quand je suis arrivé en 2008 on pouvait envoyer un mail de temps en temps. Aujourd’hui, l’Internet est gratuit à bord pour nous si bien que nous pouvons communiquer avec nos familles sur les réseaux sociaux. Pour les conversations, il y a aussi un téléphone satellitaire.
Quand tu reviens à terre, que fais-tu ?
En moyenne, je suis 5 mois à bord et ensuite j’ai plus ou moins 2 mois de congés.
D’abord il y a la famille, j’ai 3 enfants, 1 garçon de 14 ans, deux filles de 9 ans et 4 ans et demi. En vacances je récupère et puis j’ai gardé une passion pour le football alors j’entraîne mon fils, les cadets et les poussins dans le club près de chez moi. Grace aux bleus de l’équipe de France j’ai d’ailleurs gagné souvent aux paris sportifs pendant la coupe du monde… Sauf à la finale malheureusement !
La retraite tu y penses parfois ?
J’ai 47 ans alors c’est encore loin. Mais il faut préparer dès maintenant une autre activité : soit avoir une maison à louer, se lancer dans l’élevage, la pisciculture, le transport en taxi brousse, je verrai.
Qu’est-ce que tu vas faire pendant l’escale à Recife ?
Ce qui nous plait aussi dans cette vie c’est le voyage, découvrir d’autres villes, j’ai pu découvrir l’Europe par exemple ! à l’escale on va sortir un peu quand ça sera notre tour, visiter la ville et acheter des souvenirs pour la famille.
Propos recueillis par Patrick Chompré. Merci à Ludovic et à tout l’équipage malgache pour mon intrusion pendant la pause de 9Hh0 !