Parfois les choses ne se passent pas comme prévu. Voilà deux jours que la CTD Rosette, le dispositif qui permet de récupérer des échantillons d’eau à différentes profondeurs, fait des siennes. Le déclenchement de fermeture des bouteilles par ondes acoustiques ne fonctionne pas. André Belem, professeur à l’Université Fédérale Fluminense (Rio de Janeiro), a les yeux cernés : Il vient de passer 48h à essayer de le réparer. “ Il a fallu ouvrir l‘ensemble du dispositif, vérifier toutes les connexions. Cela n’a rien changé. Ensuite on a pensé à une fuite car on a trouvé des traces de corrosion dans la partie électronique. Nouveau démontage, vérification… pas mieux ! ”
Décision a été prise alors de revenir à l’ancienne méthode, dite “palanquée”. C’est désormais un poids que l’on fait descendre le long d’un fil qui déclenche la fermeture successive des bouteilles à la profondeur souhaitée. Inconvénient : plus question de descendre en une fois les 24 bouteilles disposées en cercle. Il faut maintenant mettre l’eau les bouteilles à la file, par groupe de 7. Il faut doubler l’opération pour en avoir un nombre suffisant. “Mais on voit que le navire a été pensé à l’époque où l’on travaillait de cette façon“ s’amuse André en nous montrant les crochets dans le mur du local, destinés à aligner les bouteilles. “C’est old school mais ça marche !”
Comment garder la forme sur un navire ? C’est la question que beaucoup se posent. Il y a bien les coursives, les escaliers, la manutention mais si besoin d’efforts physiques supplémentaires il y a une solution : À l’étage H où se trouve une petite salle de sport équipée de vélos, tapis de course, stepper, machine de musculation. C’est l’endroit où les habitués se retrouvent, selon le quart auquel ils appartiennent. “À faire le hamster sur le vélo, je m’ennuie vite“, me confie l’un d’eux, “j’en profite pour écouter des podcasts et me cultiver sur les sujets de société“. D’autres préfèrent échanger tout en s’entraînant et les conversations prennent un tour plus intime : Famille, anecdotes, goûts littéraires, cinéma, choix de vie, hobbies.
Autre solution : descendre dans le ventre du navire et découvrir dans une cale un court de badminton de fortune, un panier de basket, une table de ping-pong. Les mouvements du bateau ou la houle rendent les trajectoires parfois aléatoires. En cas de frustration il y a aussi un sac de frappe. L’atmosphère est lourde, la cale n’est pas climatisée. Marins, équipage ou scientifiques, c’est ici que l’on peut rencontrer entre deux quarts les passionnés de basket, fans de NBA…
Nous passons la journée sur à la station S11, un peu plus au nord, en plein dans le cône d’accumulation de matériel apporté par le pleuve Amazone. Le taux de sédimentation est encore élevé, 50 cm par millier d’années, loin tout de même de ce que nous avions hier. La profondeur est de 1750 mètres.
Pour en savoir plus, retrouvez l’interview d’André Belem ici.