Chef de mission brésilien de cette campagne Amaryllis, Cristiano est professeur à l’université de São Paulo au sein de la School of Arts, Science and Humanity.
Quel est ton sujet de recherche principal ?
Je travaille sur les changements climatiques passés dans l’océan et sur le continent. Je me concentre principalement sur les “évènements abrupts“ qui se sont produits il y a environ 70 000 à 11 000 ans. Pensant cette période la Terre a connu des changements de climat très rapides et cela peut arriver à nouveau dans le futur, cette fois à cause des activités humaines.
Je cherche donc à reconstruire ces changements, pas seulement pour m’amuser, mais surtout pour améliorer les projections futures !
Justement, comment fais-tu le lien entre le passé et le présent ?
En découvrant comment le système climatique a évolué dans le passé, parfois sur des périodes très courtes, en regardant comment l’environnement a réagi à ces évènements nouveaux, on peut améliorer les modèles climatiques qui vont nous donner les projections sur le futur.
Par exemple, la climatologie est fondée sur les enregistrements des éléments comme les précipitations, les températures, la force et la direction des vents, la pression atmosphérique. Tout cela est enregistré par les stations météo. Mais les données que ces stations possèdent ne remontent que sur les 50 dernières années ici au Brésil, un peu plus en en Europe. Mais c’est trop peu car les changements climatiques s’établissent sur des échelles de temps bien plus grandes et nous avons besoin de périodes beaucoup plus longues pour avoir des modèles climatiques fiables. Voilà pourquoi, notre spécialité, la paléoclimatologie, cherche à retrouver et décrire les évènements dans le passé plus lointain.
En quoi ces régions du bassin amazonien et du Nordeste brésilien sont-elles importantes ?
Pendant cette période sur laquelle je travaille, la forêt amazonienne et le Nordeste ont subi des changements importants en réaction à ces évènements rapides : la quantité et la saisonnalité des pluies par exemple ont considérablement évolués et cela peut se produire à nouveau, ce qui nous inquiète. La forêt amazonienne joue un rôle majeur sur le climat de la Terre et nous espérons qu’elle puisse jouer ce rôle pour les prochaines générations. En tous les cas, la société doit être informée, préparée et adaptée à ces changements.
Comment vis-tu cette campagne en tant que co-chef de mission ?
C’est une grande responsabilité et je suis vraiment heureux de la partager avec Aline Govin, la cheffe de mission française. Sans elle, tout cela n’aurait pas été possible. Notre responsabilité est engagée depuis le début, quand nous avons commencé à établir le cadre scientifique de la campagne : quels sites allions-nous choisir pour les carottages ? Quels chercheuses et chercheurs allions nous emmener ? Maintenant, nous devons veiller à ce que tout soit fluide dans les opérations, sur le pont, avec l’équipage.
Dans les campagnes précédentes je n’avais pas ces responsabilités, je crois que j’avais davantage l’occasion d’apprécier l’expérience !
Que vas-tu faire une fois à terre ?
Je rejoindrai ma famille en Allemagne où je travaille actuellement, et nous partirons en vacances. Je suis sûr que j’apprécierai !
Propos recueillis par Patrick Chompré