Goulotte, liner, carottier, acquisition, Casq, Calypso, rosette, Georgette… Comme dans tout environnement professionnel spécialisé, le jargon est roi sur le Marion Dufresne. En fait, plusieurs langues bien différentes se côtoient : celle des scientifiques – qui vaudrait déjà un article – celle des spécialistes du carottage et celle des marins, très riche comme on le sait. Il arrive que le novice venu chercher une information au PC scientifique ou dans un local technique reparte avec une suite de mots dont la signification lui échappe complètement. Il doit alors choisir entre deux attitudes : Si le langage corporel de son interlocuteur laisse entendre qu’il est un peu disponible, il avoue son ignorance et demande une explication pour chaque mot. Si ce n’est pas le cas, il prend un air entendu et acquiesce avant de battre piteusement en retraite. Profitant de cette dernière journée de transit, des étudiantes se sont piquées au jeu de définir le terme “goulotte”, terme très utilisé sur le bateau et arrivé récemment dans l’univers du carottage. Retrouvez leur étude très complète ici.
Soudain, peu avant 16h le bateau qui filait depuis des heures a ralenti. Nous voici arrivé à la station 12, sur la marge continentale de Parnaíba au nord de l’état du Piauí. La deuxième partie de cette campagne peut commencer. “Ici nous allons pouvoir collecter du sédiment qui s’est accumulé très lentement“ se réjouit Cristiano le chef brésilien de cette mission, “proche de l’Amazone nous avions des taux de sédimentations énormes avec beaucoup de matière biologique amenée par le fleuve. Ici c’est très différent : Le matériel qui s’est déposé au fond de l’océan ne provient plus de l’Amazone mais du Nordeste brésilien et de la colonne d’eau“.
Ce changement pourrait même se voir à l’œil nu dans les prélèvements : Le long des carottes de 20, 30 ou 40 mètres de long les strates renvoyant à l’ère glaciaire ou interglaciaire seront colorées différemment. À vérifier dès ce soir.
Retrouvez l’interview de Cristiano Chiessi ici.