Interview commandant Charles Souffre

Charles Souffre, commandant. Crédit: Anaïs Duhayon.

Diplômé de la marine marchande de Nantes, Charles Souffre est commandant depuis 13 ans. Auparavant sur les navires câbliers, il a rejoint le Marion Dufresne en 2020.

A quoi ressemble la vie d’un commandant de bord ?

Levé tôt, je commence par la communication avec la compagnie à terre, puis je fais le tour du bateau, en commençant par la passerelle et le pont. Ensuite il y a les rapports d’incidents, les nombreuses procédures et la communication avec la prochaine escale, en l’occurrence Recife. En fait c’est beaucoup de supervision. C’est quand l’imprévu arrive que ça se corse !

Justement, vous avez un souvenir de ce type ?

J’avais tout juste un an de commandement. J’étais sur un câblier au large de Shanghai et nous faisions des réparations sur un câble de fibre optique. Nous déployons un robot sous-marin de 12 tonnes, il y avait du courant et un peu de vent. Une heure après m’être couché on m’appelle : Le navire ne gardait plus la position et le câble du robot était passé dans les hélices. Le robot à 2,5 millions d’euros était au fond de l’eau ! Finalement on a pu le remonter au bout de 5 jours avec l’aide de plongeurs… à mon grand soulagement.

Commandant sur le Marion Dufresne, qu’est-ce que ça a de particulier ?

C’est une grande fierté parce que c’est un bateau mythique. Il remplit des missions bien différentes : De l’océanographie avec des opérations sur le pont nuit et jour, des scientifiques et puis 4 mois par an, de la logistique avec les rotations et le ravitaillement pour les TAAF (Terres Australes et Antarctiques Françaises). Là nous faisons la relève des militaires, des scientifiques, apportons le support technique. Partis de la Réunion, nous rallions l’archipel des Crozet, Kerguelen, l’île Nouvelle-Amsterdam, puis Saint-Paul. Sur chaque base pendant cinq jours, c’est beaucoup d’activité, des rotations d’hélicoptères, des échanges. Les paysages sont fantastiques, on voit des manchots, des lions de mer, le cratère de Saint-Paul…

Vous êtes à la tête d’un équipage de 43 personnes, comment gérer l’aspect humain ?

Oui il y a des officiers dans tous les grades, des mécaniciens, des électroniciens, des cuisiniers. L’essentiel est de préserver la confiance entre tous… et de garder des moments de convivialité. Avec les officiers, nous sommes une petite équipe, nous nous connaissons bien. Nous avons un carré des officiers mais je ne veux pas y aller tout le temps pour les laisser tranquilles. Parfois aussi nous descendons au bar mais bon, boire de l’eau minérale, ça reste limité ! (Les officiers n’ont pas le droit de consommer de l’alcool à bord).

Vous passez 6 mois par an en mer, que faites-vous lorsque vous êtes à terre ?

Dans mon métier nous voyons du pays mais nous n’avons pas le temps d’en profiter. J’essaie donc d’emmener ma famille en vacances dans des coins attirants que j’ai repérés. Sinon j’habite en France à une heure de la mer alors j’y vais le week-end pour retrouver la plage et les sports nautiques, surf, kite surf.

Propos recueillis par Patrick Chompré

Retour en haut