Interview Henintsoa Randimbimananjara, lieutenant

Henintsoa Randimbimananjara, lieutenant. Crédit: Anaïs Duhayon.

Diplômé de la Marine Marchande de Madagascar, Henintsoa est lieutenant à bord du Marion Dufresne depuis 2017. 

En quoi consiste ton métier ?

Je suis “lieutenant navigation“, donc responsable ici à la passerelle, d’élaborer les routes, de faire la mise à jour des cartes et des logiciels. Je dois veiller au bon déroulement du voyage, surveiller la navigation sur tous les instruments, repérer les dangers éventuels : Traffic, intempéries… Je dois également communiquer avec les autorités portuaires. Par exemple ici au Brésil je dois envoyer notre position et notre route tous les jours à midi.

Les conditions de navigation ont-elles évolué ?

J’ai commencé à naviguer en 1995 et J’ai vu la technologie améliorer mon travail de façon importante. Je peux dire que j’ai vraiment eu de la chance, auparavant il fallait faire toutes les cartes à la main, je n’imaginais même pas que ça serait possible de faire autrement. Il y a aussi tous les nouveaux moyens de communication avec les autres bateaux par exemple. Il n’y avait pas de téléphone cellulaire, il fallait attendre l’arrivée au port pour communiquer !

À 15h cette après-midi tu vas faire une annonce d’un type particulier, de quoi s’agit-il ?

Oui, nous avons très régulièrement des exercices d’entrainement aux urgences : Incendie, voie d’eau etc. Cet après-midi c’est l’exercice de sécurité “passager clandestin“ qui recouvre aussi les alertes pour trafic de stupéfiant et terrorisme. Nous devons faire très attention quand on quitte un port de ne pas embarquer de passager clandestin. On fait des recherches avant de partir car ensuite la situation devient très compliquée à gérer et entraîne de nombreuses complications.

C’est déjà arrivé ?

Oui en 2019, nous faisions une escale à Durban, un passager s’est introduit sur le navire.  Nous sommes partis, il est resté à bord et en pleine nuit il a frappé à la porte de la passerelle déclarant qu’il avait faim ! Nous avons réveillé le commandant et après avoir communiqué avec l’entreprise à terre, nous avons dû revenir à Durban pour débarquer le passager.

Henintsoa Randimbimananjara, lieutenant en train de tracer la route sur une carte de navigation. Crédit: Anaïs Duhayon.

Qu’est ce qui te plait dans ce métier ?

Pour moi, ce n’est pas un métier, c’est une vocation ! Ça me plait beaucoup, même si ce n’est pas une vie facile, il y a la séparation avec la famille notamment. Il faut se préparer à tout cela si on veut être marin. Mais pour moi, la vie à bord… C’est une raison de vivre !

Propos recueillis par Patrick Chompré

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