Jour 16 : Madagasikara

Le drapeau malgache flottant à l’avant du navire à l’occasion de la fête nationale de Madagascar. Crédit: Anaïs Duhayon.

26 juin, fête nationale malgache. Sur le Marion Dufresne, ce n’est pas anodin : Sur les 43 membres qui composent l’équipage, 35 sont malgaches. Ils occupent les postes d’officiers, sous-officiers, maitres de manœuvre, matelots timoniers, mécaniciens, cuisiniers…

“Il faut remonter à l’époque coloniale pour comprendre cela”, explique Yvan Réault le chef des opérations qui connait bien l’histoire du bateau. “À la fin de la guerre, la compagnie “Les Messageries maritimes” desservait une ligne Marseille-Djibouti-Tamatave-Nord-Ouest de Madagascar-La Réunion et retour. L’équipage comprenait alors beaucoup de journaliers malgaches. Puis le bateau de l’époque, le Gallieni, s’est mis à desservir les toutes nouvelles bases des terres australes“.

Le 26 juin 1960, Madagascar devient indépendant. Quatre années plus tard, le Marion Dufresne I est lancé pour desservir et apporter l’aide logistique aux terres australes, Crozet, Kerguelen, Nouvelle-Amsterdam. L’équipage Malgache est maintenu malgré les changements politiques et les changements d’armateurs. Cette tradition se perpétue jusqu’à aujourd’hui sur le Marion Dufresne II. “C’est ainsi que l’histoire continue“ résume Yvan, “et cette continuité est aussi générationnelle : il n’est pas rare que nous ayons aujourd’hui à bord les fils de ceux qui étaient là avant ! “

À 12h15, juste avant le repas, l’hymne malgache retentit dans les hauts parleurs.

Retrouvez ici l’interview de Henintsoa Randimbimananjara, lieutenant malgache sur le Marion Dufresne.

Nous arrivons vers la pointe Est du Brésil et la mer devient plus agitée, le vent plus fort.  Hier, la station S15 à 2250 mètres de profondeur, a donné lieu à une longue journée sur le pont avec au final une bonne moisson : Le carottage sur ce site était très attendu par l’équipe scientifique pour livrer des informations sur l’histoire hydrologique et climatique du Nordeste brésilien. 

Au moment de l’approche, le sondeur semblait indiquer une couche de 60 mètres de sédiments mais les carottiers ont été finalement freinés par la nature du fond marin. Le Multitubes a tout de même livré une carotte d’une vingtaine de centimètres, puis le Casq une autre de 8,5 mètres. “Nous nous sommes alors posés la question de la longueur de la Calypso qu’il fallait mettre à l’eau“ raconte Aline Govin, cheffe de mission française. “Nous avons opté pour un tube de 45 mètres de long et avons récupéré 42,50 mètres de sédiments ce qui est très bien“.  Mais vu l’intérêt du site l’idée de faire un nouvel essai s’est imposé, avec cette fois un tube de 54 mètres de long. “On a essayé et … le tube a plié ! Mais on a tout de même récupéré 50 mètres de sédiments sur un tube de 54 mètres“. Reste à savoir maintenant laquelle des deux carottes est la meilleure, les mesures préliminaires le diront.

Avec ces nombreuses carottes à traiter, les équipes des quarts ont du travail sur le pont. Elles rassemblent toutes aussi bien des étudiants que des scientifiques, des techniciens, des ingénieurs, des brésiliens, des français, des jeunes et des moins jeunes ! Trois équipes hétérogènes, dirigées par trois cheffes. Au vu des horaires avoir les photos complètes des équipes était un vrai défi que notre photographe Anaïs Duhayon a relevé.

Photo de groupe du quart 0-4. Crédit: Anaïs Duhayon.
Photo de groupe du quart 4-8. Crédit: Anaïs Duhayon.
Photo de groupe du quart 8-12. Crédit: Anaïs Duhayon.

Nous voici en route vers notre dernière station S16, elle aussi très attendue, sous un ciel changeant et une mer traversée de courants plus forts.

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