Encore une séquence où il a fallu faire preuve d’adaptabilité ! Les dernières carottes prélevées hier ont répondu aux attentes, avec très peu d’apports du fleuve et donc très peu d’argiles. Problème, ce matériel peu “cohésif” était difficile à extraire et les cheffes de quarts ont dû mettre au point des techniques pour récupérer en finesse les échantillons sans les abîmer.
La dernière carotte Calypso – nous avons épuisé notre quota – longue de 23m70 a également comblé les espoirs.
Pour les autres dispositifs en revanche ce fut plus dur notamment à cause du courant – 2 nœuds ce jour. Cela a rendu impossible l’utilisation du Multitubes, carottier sensé récupérer la première couche de sédiments. Au lieu de s’enfoncer dans l’eau, celui-ci s’est mis à « surfer » derrière le navire.
Quant à la CTD, elle a valu une nouvelle nuit blanche à certains membres de l’équipe scientifique. Pour rappel, il s’agit d’un dispositif portant des bouteilles de huit litres dont on peut déclencher l’ouverture à la profondeur souhaitée… Mais depuis une panne du système de déclenchement, nous avons recours à une ancienne méthode, longue à déployer : il faut accrocher les bouteilles les unes derrière les autres et faire courir un poids le long de ce fil pour déclencher les fermetures des bouteilles. Là aussi le courant a entraîné le câble qui s’est mis en position oblique, rendant l’accrochage des bouteilles difficiles.
L’équipage a alors mis le bateau en “dérive contrôlée” afin qu’il accompagne le dispositif au rythme du courant. Si la première tentative a permis de récupérer des échantillons d’eau à la bonne profondeur, la deuxième n’en a ramené que deux. À 6h30, après cette longue journée, décision a été prise de s’en tenir là.
Aux petit déjeuner, ceux qui se lèvent croisent ceux qui ont fait ces tentatives toute la nuit.
Tous ces derniers jours, les opérations se sont enchainées à rythme soutenu. Résultat, nous avons une douzaine d’heures d’avance sur le programme prévu. L’équipe scientifique a décidé d’utiliser ce temps pour faire de la reconnaissance de site avec les sondeurs de relief-marin et de sédiments. Elle espérait pouvoir poursuivre l’exploration le long de la marge brésilienne à 2000 mètres de profondeur mais il a fallu demander une autorisation qui nous a été refusée. Nous nous sommes rabattus sur 4 autres monts sous-marins de notre station. Pour ce faire, étudiants, techniciens, ingénieurs et chercheurs intéressés ont été formés pour se relayer par binômes toutes les deux heures devant les écrans. Une reconnaissance qui mettra peut-être à jour d’autres sites intéressants pour une future campagne !
A 15h, retentit la sonnerie d’alarme. Exercice d’alerte incendie, nous devons tous nous rendre au forum avec notre casque et des chaussures fermées. Nous y retrouvons Enora, Lieutenant Commissaire en charge de la formation sécurité pour les personnels non maritimes. Elle constate que si tout le monde a suivi les consignes, en cas d’incendie réel, il faudra certainement être un peu plus rapide ! Enora est la seule femme à faire partie de l’équipage actuel du Marion Dufresne.
Retrouvez son interview ici.
L’organisation en quarts vit ses heures ultimes : Les dernières carottes sont traitées, emballées et stockées dans deux containers réfrigérés à 5° pour conserver le sédiment. L’un de ces containers sera débarqué à Recife, pour la communauté scientifique brésilienne. L’autre poursuivra sa route sur le Marion Dufresne jusqu’à la Réunion avant de regagner la métropole à la mi-septembre.
S’ensuit une intense session de rangement et de nettoyage des outils, des espaces de travail. Temps soudainement couvert en fin d’après-midi. Première soirée des équipes presque au complet au forum.