Alexandre est second mécanicien. Diplômé de la Marine Marchande, formation “ponts et machines“, il travaille sur le Marion Dufresne depuis 2022.
Comment est organisée l’équipe de mécaniciens ?
Nous sommes trois : Chef, second et troisième mécanicien auxquels il faut rajouter un maitre et un ouvrier électricien, plus cinq ouvriers en temps normal, trois actuellement car deux sont détachés au pont pour les opérations de prélèvement.
A quoi ressemble ta journée ?
Je commence avec la distribution des travaux en fonction de la liste que l’on a préparé la veille avec le chef. Je dois écouter le retour des rondes faites par tous les marins qui nous signalent d’éventuelles choses à regarder. Il y a aussi les demandes qui peuvent émaner de la passerelle. Ensuite, beaucoup de papiers avec le relevé des paramètres de fonctionnement des engins, les consommations d’eau, de gasoil, les rapports d’intervention. Enfin je passe beaucoup de temps sur les machines en maintenance avec l’équipe.
Vous êtes aussi responsables de l’eau douce à bord. Comment fonctionne la production ?
Nous produisons notre eau grâce à deux moyens : le bouilleur et l’osmoseur. Le bouilleur est un ballon sous vide où l’on fait circuler de l’eau de mer que l’on fait s’évaporer puis que l’on re condense pour produire de l’eau distillée. Ensuite on reminéralise cette eau, on la traite, la stérilise et on la stocke dans des caisses entre la paroi et la coque du navire.
C’est cette eau qui va être distribuée à bord, dans les douches, toilettes et lavabos.
Nous avons en plus un système de distribution pour les fontaines avec une nouvelle série de filtres, notamment à charbon actif et un nouveau processus de stérilisation pour rendre l‘eau propre à la consommation.
L’autre système est un osmoseur : là on envoie de l’eau de mer sous pression dans des membranes qui filtrent le sel et les minéraux. Nous produisons en tout entre 20 et 25 mètres cube par jour.
Que deviennent les eaux usées ?
Les eaux dires “grises”, celles qui proviennent des lavabos, douches, cuisine, passent par un système de traitement avant d’être rejetées à bord seulement dans les zones ou c’est possible, suivant la réglementation.
Les eaux noires, celles qui proviennent des toilettes et de l’hôpital sont stockées et passent par une autre unité de traitement.
Depuis 2022, tu connais bien le Marion Dufresne ?
Oui, mais chaque navire est différent même si les principes sont souvent les mêmes. Reste qu’il faut passer beaucoup de temps à lire les documentations et à connaître les circuits de bord.
Qu’est ce qui te plait dans ce métier ?
L’organisation globale peut paraitre routinière mais en fait on accomplit des tâches très variées et on n’est jamais au même endroit. Et puis, quand on regarde dehors on voit le bleu de la mer mais ce n’est jamais vraiment le même !
Que fais-tu une fois à terre ?
J’ai vraiment deux vies bien différentes : A terre, je retape ma maison perdue dans les montagnes du Puy de Dôme !
Propos recueillis par Patrick Chompré