Directrice de recherche au CNRS, Claire a rejoint le laboratoire LOCEAN en 2020.
Elle travaille sur les liens entre les changements climatiques et la circulation océanique à différentes échelles de temps.
A bord du Marion Dufresne, elle est responsable du laboratoire d’’analyse de l’eau en continu.
Tu étudiais la paléo-océanographie et maintenant tes recherches incluent la période actuelle, qu’est ce qui s’est passé ?
J’ai travaillé pendant 25 ans sur les changements de circulation océanique dans le passé à partir des carottes de sédiments marins. Après tout ce temps, J’ai eu l’impression de ne pas pouvoir aller plus loin, faute d’archives climatiques assez précises pour mes recherches. Il y a des organismes comme les vers qui mélangent les premiers centimètres des prélèvements et cela abime les enregistrements dont j’avais besoin.
Au même moment j’ai eu envie de changer d’air, et j’ai trouvé un laboratoire qui avait besoin de quelqu’un avec des connaissances sur les isotopes. Il y avait aussi des collègues avec lesquels je pouvais mettre en place des échanges. J’ai sauté le pas.
Ton travail est en lien avec les questions environnementales actuelles, qu’est-ce que ça change ?
J’ai fait des études d’ingénieurs mais je savais dès 1989 que je voulais faire de la recherche liée à l’environnement. La situation était déjà catastrophique à cette époque et je ne me voyais pas faire un métier ou je ne me sentirais pas utile sur les problématiques actuelles. Mais bon je ne me fais pas trop d’illusions, je me rends bien compte qu’après toutes ces années on a beau parler, alerter, écrire des rapports du GIEC, pas grand-chose ne change. Je ne suis pas sûre que le rôle du chercheur soit finalement plus important que celui du citoyen qui s’implique dans des mouvements.
Tu as déjà participé à beaucoup de campagnes en mer, c’est devenu une habitude ?
Non, c’est tout sauf une routine, j’adore le Marion Dufresne et je n’attends qu’une chose c’est d’embarquer sur d’autres bateaux également. Quand je suis montée à bord la première fois je me suis rendu compte à quel point le métier de marin est fantastique. Je me suis dit que j’avais raté ma vocation. Bon j’avais déjà deux enfants, ça aurait été compliqué !
Que vas-tu faire une fois à terre ?
Mener ma vie de tous les jours qui me plait bien. Mais en faisant attention à ne pas me retrouver soumise à trop de pression. Cela vient de partout quand on fait de la recherche y compris de soi-même. Je vais essayer de faire des vraies pauses sans ordinateur cet été !
Propos recueillis par Patrick Chompré